La restauration en EAJE : enjeux et recommandations pour une alimentation de qualité

Le rapport du Conseil de la famille du HCFEA met en évidence les défis et les opportunités liés à la restauration des enfants de moins de 3 ans en France, en particulier au sein des EAJE. Voici un résumé des points clés, de l’état des lieux actuel et des recommandations formulées pour améliorer la qualité de la restauration dans les crèches ainsi que chez les assistantes maternelles.

La restauration collective en EAJE : un service quasi-généralisé, mais encadré par une réglementation complexe

A. Un service très répandu, favorisé par le financement de la PSU

  • La fourniture des repas est devenue la norme dans les EAJE, avec un taux de 94,8% en 2022.
  • Cette généralisation est due en partie à la réforme de 2014 du mode de tarification de la Prestation de Service Unique (PSU). La PSU, qui finance les crèches, est majorée lorsque celles-ci fournissent les couches et les repas, incitant ainsi les structures à offrir ce service.

B. Une réglementation complexe et multiforme

  • Les EAJE sont soumis à un ensemble de normes en matière d’hygiène alimentaire.
    • La réglementation européenne impose le respect de règles strictes pour la préparation et la distribution des aliments.
    • En France, des arrêtés ministériels et des référentiels encadrent l’aménagement des locaux, l’entretien, l’hygiène du personnel et la traçabilité des produits.
  • L’équilibre nutritionnel des repas est également encadré.
    • La loi de 2010 impose le respect de règles de qualité nutritionnelle, mais l’arrêté interministériel définissant ces règles pour les EAJE n’a toujours pas été publié.
    • En attendant, les EAJE peuvent se référer aux recommandations du GEM-RCN, datant de 2015.
  • Les lois Egalim (2018) et Climat et Résilience (2021) ont introduit de nouvelles obligations en matière de qualité des produits et de durabilité.
    • Les EAJE doivent notamment proposer une part minimale de produits bio et de labels de qualité.
    • L’interdiction progressive des plastiques à usage unique est un défi important pour les structures.

C. Des enjeux de contrôle et d’accompagnement

  • Le contrôle de l’application de la réglementation est partagé entre les services de PMI et les DDPP.
  • Un manque de coordination entre ces services est cependant constaté, ce qui peut entraîner des disparités dans les contrôles.
  • Les gestionnaires d’EAJE sont souvent peu accompagnés dans la mise en œuvre de la réglementation.

La restauration chez les assistants maternels : un sujet peu encadré, mais central dans la relation avec les parents

A. Une réglementation limitée aux règles d’hygiène de base

  • Les assistants maternels ne sont pas soumis à la réglementation sur la restauration collective.
  • Seules les règles d’hygiène et d’organisation “familiales” s’appliquent, contrôlées par les services de PMI.
  • La formation initiale des assistants maternels aborde le sujet de l’alimentation, mais de manière superficielle.

B. Un enjeu important dans la relation parents-assistant maternel

  • La fourniture du repas est un sujet de négociation entre les parents et l’assistant maternel.
  • Les parents peuvent choisir de fournir les repas ou de verser une indemnité de repas à l’assistant maternel.
  • Le montant de cette indemnité est librement fixé, sans encadrement légal.
  • L’alimentation est un élément important de la relation de confiance entre les parents et l’assistant maternel.
  • Les assistants maternels cherchent à valoriser leurs compétences en matière d’alimentation et à répondre aux attentes des parents, notamment en proposant des repas “faits maison” et une éducation au goût.

C. Des initiatives locales prometteuses

  • Des initiatives locales menées par des acteurs de la santé visent à sensibiliser les assistants maternels à l’alimentation du jeune enfant.
  • Des projets comme “PAAM” et “Nutri’RAM” encouragent le dialogue entre assistants maternels et parents sur ce sujet.

Recommandations pour améliorer la qualité de la restauration

A. En EAJE

  1. Améliorer l’information et la formation des professionnels et des parents sur les repères nutritionnels du PNNS
  2. Publier l’arrêté interministériel définissant les normes de qualité nutritionnelle des repas servis en restauration collective.
  3. Simplifier la réglementation en regroupant les obligations en matière d’hygiène alimentaire et de qualité nutritionnelle dans un document unique.
  4. Renforcer la formation des professionnels sur l’alimentation infantile, en intégrant la diversification alimentaire, la gestion des allergies et les recommandations du PNNS.
  5. Améliorer la coordination entre les services de PMI et les DDPP pour un contrôle harmonisé de l’hygiène alimentaire.
  6. Inciter les EAJE à déclarer leurs achats sur la plateforme “ma cantine”.
  7. Adapter la majoration de la PSU pour tenir compte des nouvelles obligations des lois Egalim et Climat.

 

B. Chez les assistants maternels

  1. Renforcer la formation des assistants maternels sur l’alimentation, en intégrant la problématique du lait maternel et en approfondissant les connaissances sur la diversification alimentaire et les troubles alimentaires.
  2. Définir des règles d’hygiène et d’organisation claires et simples pour la fourniture des repas.
  3. Encourager la formalisation des modalités de préparation et de service des repas dans le contrat de travail et la charte de fonctionnement des MAM.
  4. Envisager une incitation financière pour encourager la fourniture du repas par les assistants maternels, en tenant compte du travail hors accueil que cela représente.
  5. Valoriser le rôle éducatif des assistants maternels dans la préparation des repas.
  6. Soutenir les initiatives locales qui favorisent le dialogue entre parents et assistants maternels sur l’alimentation des jeunes enfants.

En conclusion

La restauration des enfants de moins de 3 ans est un enjeu crucial pour leur développement et leur bien-être. L’amélioration de la qualité des repas servis, tant en EAJE que chez les assistants maternels, passe par une meilleure information, une formation renforcée des professionnels, une clarification de la réglementation et un soutien accru aux initiatives locales. Il est essentiel de garantir à tous les enfants une alimentation saine, équilibrée et adaptée à leurs besoins, dans un environnement favorable à leur épanouissement.

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