Pourquoi les coûts de fonctionnement des crèches sont-il inégaux ?

La CNAF a publié en mai 2016 les résultats d’une étude réalisée auprès de 300 structures subventionnés par la CAF.

Ce petit échantillon est toutefois à mettre en comparaison avec les données de 2014, seules données fiables détenues par la CNAF sur l’ensemble des EAJE français.

Les chiffres clés

  • Prix de revient moyen : 10,18 € par heure réalisée
  • 75 % des charges sont liées au personnel
  • 86 % des EAJE recourent à l’externalisation (prestataire de nettoyage, restauration, intervenants extérieurs…)
  • 79 % des crèches emploient des EJE, 87 % des Auxiliaires de Puériculture

Des coûts en nette augmentation

Augmentation de 22,6 % entre 2007 ( 8 euros) et 2015.

Des disparités

Si le type d’accueil n’influe pas sur les chiffres, le statut et la localisation des crèches creusent un écart de 3,3 euros sur le prix de revient.

Leurs recettes pourtant, ne suivent pas pas ces disparités…

Le statut de la crèche :

  • Privé : 11,54 €
  • Associatif : 9,25 €
  • Public : 10,64 € (avec quelques coûts non comptabilisés, du fait de la mutualisation des services d’une collectivité)

La localisation de la crèche :

  • Région parisienne : 11,28 €
  • Zone urbaine : 10,02 €
  • Zone rurale : 9,84 €

Le niveau de rémunération des professionnels Petite Enfance, plus élevé dans le public, explique également ces différences. Les collectivités comptent 57 % d’accueillants de moins de 3 ans d’expérience, contre 80 % dans le privé. L’ancienneté plus présente dans le public est également un facteur de surcoût.

Le poste de charge des achats (alimentation, couches, matériel pédagogique), quant à lui, révèle le niveau de service délivré aux familles. Occupant 7 % du coût de revient, il passe de 0.,61 € pour le public, à 0,81  € / heure en associatif, et 1,07  € en privé.

Des explications

Les variations du prix de revient s’expliquent à  :

  • 75 % par les caractéristiques de la structure (qualité d’accueil, politique salariale, démographie locale) et la qualité de gestion
  • 6,4 % par le taux d’occupation
  • 6,1 % par le recours à l’externalisation

Des conséquences

  • En raison du poids des charges de personnel sur le coût, les gestionnaires ont plus tendance à ajuster le nombre de professionnel au nombre d’heures réalisées, plutôt que d’essayer d’augmenter ces heures. (l’augmentation du taux d’occupation est moins rentable que de calibrer le taux d’encadrement par rapport au nombre d’enfants)
  • Frein au développement de l’offre

Les investissements de la CNAF

  • Un 8ème plan crèche d’investissement : le plan pluriannuel d’investissement pour la création de crèches (Ppicc)  = 660 millions € permettant de créer 60 000 places
  • Un accompagnement financier renforcé en direction des territoires prioritaires par le fonds de rééquilibrage territorial pour l’accueil du jeune enfant = 125 millions €
  • Un plan de rénovation des crèches  = 19 millions € par an) pour éviter la fermeture de places d’accueil
  • Un fonds « publics et territoires » = 380 millions € pour l’innovation et les besoins spécifiques des familles et des territoires (accueil d’enfants porteurs de handicap, horaires spécifiques, problématiques territoriales, etc.)
  • La généralisation des schémas départementaux de services aux familles (Sdsf). Ces schémas visent à mieux articuler la politique de la petite enfance et celle de la parentalité
  • Expérimentation du versement du Cmg de la Paje en tiers payant, expérimenté dans 11 départements

Une réflexion en cours

  • Les leviers pour une gestion plus efficiente sont donc intrinsèques à chaque structure : les choix politiques et financiers sont soumis aux caractéristiques spécifiques de chacune d’elles. Il n’y a alors pas de modèle économique exemplaire.
  • Daniel Lenoir, directeur de la CNAF, souhaite une harmonisation des subventions (PSU et CMG) accordées aux EAJE. Les dérives de certaines micro-crèches, permises par le Complément de Mode de Garde où la CAF finance indirectement mais sans pouvoir décisionnel, contrairement aux crèches financées via la Prestation de Service Unique.
  • Les Maisons d’Assistants Maternels (cf article sur ce sujet) pourraient entrer dans la prochaine Convention d’Objectifs et de Financement