Pour une posture professionnelle favorisant l’estime de soi chez l’enfant

Le 5 mars 2016, Jean Epstein donnait une conférence sur l’estime de soi chez l’enfant.

L’enfant n’existant pas seul, nous avons, en tant qu’adulte, un rôle clé dans ce processus qui se met en place dès tout petit et qui continuera toute sa vie. Intervenant auprès des Jeunes Enfants, nous accompagnons les bases de son estime de soi.

Comment, en tant que professionnel(le), pouvons nous créer les conditions les plus favorables au développement de l’estime de soi, chez l’enfant ?

 

Comment faire en sorte que chaque individualité, personnalité trouve sa place, soit reconnue, acceptée et surtout que le projet d’équipe utilise ces différences comme des chances d’offrir une telle richesse aux enfants et à leurs parents ?

Cela passe par :

  • La compréhension des Cartes du Monde de chacun
  • Le regard porteur sur l’enfant : en valorisant ses compétences et en l’accompagnement dans sa gestion du risque

Et tout cela sur une indispensable estime de soi que les adultes ont d’eux-mêmes et pour les autres.

L'estime de soi d'un enfant se base sur un triangle de confiance

L’enfant n’existe pas seul. Il existe au travers du regard qu’il pose sur l’adulte, que l’adulte pose sur lui et également sur le regard que les adultes posent les uns sur les autres.

Alors, à chaque sommet, la confiance doit circuler pleinement :

  • en soi,
  • en l’autre et
  • de l’autre

Pour développer son estime de soi, l’enfant a besoin d’avoir confiance en l’adulte ; d’avoir des adultes qui lui font confiance et qui se font réciproquement confiance.

Le principe de base de Jean Epstein : l’enfant, c’est d’abord 3 boules

  • Une boule d’amour : être aimé pour ce qu’il est.
  • Une boule de peur : être protégé en fonction de ses capacités
  • Une boule de culpabilité : être rassuré

Le regard porté sur l'enfant

Valoriser ses compétences

Quand les compétences d’un enfant ne correspondent pas à notre échelle de valeurs, il peut être difficile de repérer ce que l’enfant fait ou a de positif. Par exemple, si la musique n’est pas un domaine de compétences pour nous, il sera plus difficile de relever comme positif le fait qu’un enfant dé- tourne des objets pour siffler ou taper en rythme. Si nous n’y détectons pas un goût pour la musique, il peut être difficile de relever cette compétence.

Accompagner l’enfant dans la gestion du risque

Avec un regard bienveillant, en faisant confiance en ses capacités, nous portons l’enfant pour lui permettre de dépasser ses craintes et explorer en toute sécurité. Il est important d’être attentif(ve) à ce que nous communiquons et d’exprimer notre propre peur (en disant « JE »), plutôt qu’en condamnant l’enfant au risque (« tu vas te faire mal »).

Le regard porté entre adultes

Les équipes Petite Enfance sont souvent présentées comme pluridisciplinaires. Je parlerai plutôt de “pluri-personnalité” où la notion d’individualité prend tout son sens. En effet, nous sommes tous uniques, par notre vécu : nos expériences, notre éducation, nos valeurs, nos convictions, nos filtres personnels qui participent à la construction de notre identité, de notre personnalité. Et, bien évidemment, nos formations et/ou notre expérience en petite enfance y concourent largement. Tout ces éléments constituent ce qu’on appelle en Programmation Neuro Linguistique, la Carte du Monde.

Dans l’équipe : confronter nos cartes du monde

Jean Epstein préconise que chaque membre de l’équipe parle de ce qu’il aime, et ce qui lui fait peur, afin d’éviter des contre-emplois, nuisibles au plaisir à partager avec l’enfant. Nous sommes bien là dans la présentation de ce qu’est chacun(e), dans son être profond. (professionnels, grands parents, Il est essentiel, pour mieux se comprendre dans une équipe, de s’intéresser à ce que sont, pensent et ressentent chacune des personnes avec qui nous travaillons. Chacun(e) a ses propres compétences, ses centres d’intérêt, ses plaisirs, ses besoins, ses peurs, ses représentations de son métier et de l’enfant. L’important est de garder à l’esprit qu’il ne s’agit pas de chercher qui a raison ou qui a tort, mais simplement de comprendre individuellement les choix de chacun(e) et de faire en sorte que tout le monde trouve sa place et soit dans le plaisir partagé avec l’enfant, autre clé fondamentale pour son estime de soi. Le fait de mieux se connaître profondément permet également de rendre l’équipe tout à fait complémentaire. L’écoute réelle et empathique, la tolérance et le respect sont les conditions sine qua non pour l’expression libre sur ce qu’il(elle) est intimement en tant que professionnel(le)…

Avec les parents

L’enfant porte profondément le regard que nous posons sur ses parents. Son estime de soi passe donc par la confiance que nous accordons à sa famille. Là encore, les cartes du monde peuvent s’entrechoquer et créer des incompréhensions voire des jugements et un regard négatif sur ce qu’est, fait, pense, ressent le parent. Une fois que nous sommes dans cette démarche de compréhension de leurs actions/ réactions, l’accompagnement devient possible pour leur redonner confiance en eux (en les valorisant, en les restaurant dans leur compétence, ou en les aidant à trouver leur juste place). Sachant, qu’il sera alors fondamental qu’en tant que professionnel(e), nous restions également à notre juste place. J. Epstein insiste d’ailleurs sur ce qu’on nomme en PNL, la congruence : que notre message soit vrai. Nos métiers, nos motivations, nos choix pédagogiques, expliqués aux parents sur la base de notre carte du monde pourront également éviter les méconnaissances, les craintes, les attentes, les fantasmes que peuvent revêtir nos lieux d’accueil.

L'indispensable estime de soi des adultes

L’essentiel, pour favoriser l’estime de soi chez l’enfant est évidemment l’estime que nous avons pour nous-mêmes et pour les autres. C’est là que nous touchons la spécificité d’une difficulté toute particulière sur la faculté pour chacun de faire un travail de résilience afin d’être en harmonie et serein avec soi même et les autres. Cette résilience, dont parle Boris Cyrulnik, n’est pas chose aisée pour chacun et un accompagnement personnel peut s’avérer plus ou moins incontournable pour atteindre une belle estime de soi. Une fois atteint cette confiance profonde en soi, la congruence pourra être possible.