Accompagner autrement l'acquisition de la propreté
Avec l’été qui arrive précédant l’entrée à l’école pour les plus grands, la question de la propreté préoccupe les adultes depuis plus ou moins de temps. Vécu comme angoissant pour certains ou avec confiance pour d’autres, nous échangeons beaucoup sur ce sujet avec les enfants, qui s’y intéressent eux aussi, à partir de 2ans ½ – 3 ans.
La communication qui est faite sur ce sujet joue un rôle important dans le processus. Le vocabulaire a déjà évolué depuis quelques années : nous évitons de parler d’apprentissage mais plutôt d’acquisition de la propreté, puisqu’il s’agit d’une démarche qui doit venir de l’enfant, quand il en est prêt et non d’un conditionnement. Sachant que les mots ont une grande importance, nous pouvons encore aller plus loin.
Si l’enfant n’est pas propre, alors cela signifie qu’il est sale...
Évidemment, ce mot ne lui est pas exprimé. Pourtant, il a l’habitude de cette paire de contraires : ce qui est propre / ce qui est sale. Par exemple, on leur dit qu’ils vont laver leurs mains parce qu’elles sont sales ; pour ensuite dire qu’elles sont propres. Donc l’image qu’on lui renvoie est qu’il est sale alors que notre intention n’est bien évidemment pas là, dans la dévalorisation. Il s’agit alors de prendre conscience de la portée de nos mots et de l’impact que cela peut avoir sur eux, qui ont tout à apprendre sur le monde et sur eux-mêmes. Comment savoir ce qu’ils peuvent penser ? Si je suis sale, alors je provoque du dégoût ? Il a l’habitude de notre visage qui exprime le dégoût, la répulsion voire le rejet. Alors, si je suis dégoûtant, je ne suis pas aimable ? Il a tellement besoin d’être aimé, rassuré pour se sentir en sécurité affective.
Il s’agit alors de veiller à changer notre vocabulaire et de nommer la réalité avec les bons mots (dans la même lignée qu’éviter le « parlé bébé »). Ne pas contrôler ses sphincters s’appelle l’incontinence. Son contraire est la continence. Alors tout simplement, pourquoi ne pas dire à l’enfant qu’il est encore incontinent et qu’il sera ensuite continent. Oui, cela fait bizarre, parce que c’est une habitude à changer. Mais lorsque l’on a en tête le sens et l’intérêt pour l’enfant, cet effort aura un impact positif sur leur image.
Allons encore plus loin
« Il est » renvoie à son identité et touche son propre moi. Parler de son comportement plutôt que de son identité protège son estime de lui. Alors, la communication pourrait être par exemple : « il ne maîtrise pas encore ses sphincters », « il émet involontairement », « Tu n’as pas encore de contrôle », « bientôt tu contrôleras, maîtriseras, sauras, pourras… ».
L’idée est de dire ce qu’il FAIT plutôt que ce qu’il EST.