Être mère suffirait pour être diplômée de la Petite Enfance ?

Le gouvernement a trouvé comment répondre au manque de professionnels dans les Établissements d’Accueil du Jeune Enfant (EAJE).

Les professionnels composant les équipes

Les enfants sont accueillis en crèche, micro-crèche, halte-garderie, multi-accueil, pouponnière, jardin d’enfants par des équipes pluridisciplinaires, représentées à 40 % de diplômées et 60 % de qualifiées.

Le personnel diplômé :

  • Puéricultrice : 4 années de formation
  • Éducateur de Jeunes Enfants : 3 années de formation
  • Infirmière : 3 années de formation
  • Psychomotricien : 3 années de formation
  • Auxiliaire de puériculture : 1 an de formation

Le personnel qualifié :

  • CAP Petite Enfance : 1 an de formation
  • TISF, BEATEP, BEPSSO, CAFAD
  • Personnel avec 3 ans d’expérience professionnelle en EAJE ou 5 ans comme assistant maternel
  • Personnel sans qualification, diplôme ou expérience (25 % maximum)

Le parcours de Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) a déjà permis d’augmenter de façon très significative le nombre de professionnels diplômés. Disposition à double tranchant puisque toutes les structures ne se situent pas au même niveau de qualité d’accueil du jeune enfant. La plupart propose un projet pédagogique basé sur la bienveillance et le respect. De façon très minoritaire, mais toutefois encore à nos jours existantes, il existe des crèches aux pratiques malveillantes voire maltraitantes. Alors peut déjà se poser la question de la compétence et de la réflexion de certaines personnes validant ces diplômes…

Une nouvelle façon d'obtenir un diplôme Petite Enfance

L’ “innovation” que propose Marlène Schiappa, Secrétaire d’État à l’Egalité femmes-hommes, est de permettre de valider un diplôme grâce à l’expérience personnelle de parentalité.

Un CAP, un Brevet d’Etat d’Educateur de Jeunes Enfants serait alors accessible grâce à l’ “offre de compétences” disponible dans le vivier de jeunes mères en situation précaire.

En soi, l’idée de permettre à une population cible de retrouver un emploi, de sortir de la précarité et par la même de combler le manque de professionnels diplômés dans la Petite Enfance (frein à la création et au bon fonctionnement des EAJE) est pertinente. Dans le secteur de la Petite Enfance, ce projet soulève quand même des questions fondamentales et des réflexions de fond :

  • Les métiers de la Petite Enfance ne nécessiteraient alors pas de socles de connaissances et de compétences ?
  • La stabilité émotionnelle, psychologique et sociale n’aurait aucun impact sur les enfants ?
  • La précarité de certains personnels, notamment ceux embauchés en contrats aidés ne serait pas une difficulté vécue dans le travail par les équipes, la direction, et la personne elle-même ?
  • Les enfants n’auraient-ils pas besoin de professionnels avec un grand P à leur côté ?
  • Les diplômes Petite Enfance n’auraient-ils aucune valeur ?
  • Savons nous accompagner les enfants des autres, simplement parce que nous avons élevés les nôtres ?
  • Les jeunes pères précaires et par extension, les hommes, seraient-ils donc moins aptes à travailler en crèche ?
  • Etre professionnel de la Petite Enfance se résumerait-il a de l’instinct maternel ?

 

Dans notre petit monde de la Petite Enfance qui souffre déjà tant de manque de reconnaissance, cette mesure pourrait bien accroître ce sentiment et le légitimer.

La révolte est déjà enclenchée avec une pétition débutée immédiatement après cette annonce, qui sera remise à la secrétaire d’état.

Suite à la forte mobilisation des professionnels, avec de nombreuses réactions de colère et de déception sur les réseaux sociaux et une pétition avec près de 12 000 signataires, Marlène Schiappa rétropédale dans une interview sur Europe 1 où elle insiste sur le dispositif de la VAE.