Professionnels de la Petite Enfance : des changements pour leur formation ?

Article mis à jour le 1er septembre 2018 : 

Le nouveau DEEJE est mis en place pour la rentrée. Consultez le référentiel ici.

Mandatée par Laurence Rossignol (Ministre de la famille, de l’enfance et du droit des femmes), Sylviane Giampino, psychologue et psychiatre, s’est entourée de plus de 120 spécialistes pour remettre un rapport sur les modes d’accueil et la formation des professionnels.

L’essence de ce rapport :

Basé sur les connaissances actualisées du développement du jeune enfant, cette mission propose plus de 100 préconisations sur le travail des professionnels dans l’accompagnement des enfants et de leur famille au sein des Eaje français.

Cet accompagnement se construit autour de 4 axes, en s’appuyant sur 3 grands principes de base recommandés d’appliquer au quotidien.

Partant de ces postulats, Sylviane Giampino recommande aux professionnels de centrer leur travail sur les missions suivantes :

  • Permettre au petit enfant de se sécuriser, de construire sa confiance de base ;
  • Apprendre à l’enfant à prendre soin de lui, grâce à une puériculture tournée vers l’autonomie ;
  • Donner au jeune enfant des clefs pour se repérer dans les relations, s’identifier, sentir la valeur de soi et la valeur de l’autre ;
  • Offrir à l’enfant des conditions, du temps et de l’espace pour se déployer et apprendre, en exerçant sa vitalité découvreuse et ludique ;
  • Inviter le petit enfant à se socialiser et entrer dans la culture, à apprivoiser le langage, des codes et des valeurs

La mission recommande donc l’élaboration d’un texte cadre national qui fonde une culture commune des modes d’accueil et une identité professionnelle de l’accueil de la petite enfance, rassemblant la diversité des métiers et des acteurs. Elle recommande, complémentairement, l’organisation de rencontres professionnelles à l’initiative du ministère concerné et déclinées en région.”

La réflexion sur les Métiers de la Petite Enfance

Constatant le manque de professionnels, de formation incomplète et hétérogène, avec une identité professionnelle fragile, c’est tout une réflexion sur les Métiers petite Enfance qui démarre officiellement.

L’accès facilité aux formations initiales :

  • En augmentant le nombre de places
  • En valorisant les métiers
  • En développant les stages de découverte
  • En informant les conseillers d’orientation

À distance :

  • Clairement insuffisante pour la formation des professionnels (par le manque de stages, de relation avec les formateurs et de transformation personnelle )
  • A développer pour les recherches d’information et de documents de travail

Des dispositifs d’intégration des non-diplômés :

  • Contenant des critères d’orientation (pour les contrats aidés)
  • Avec du tutorat
  • Par la création de préformations aux métiers de la Petite Enfance

Les formations en alternance :

  • Avec une double supervision de la personne en formation
  • A développer en mettant en place des études de faisabilité

La formation continue et la VAE :

  • Garantie par une évaluation du dispositif de VAE
  • Grâce à la modularité des diplômes (AP et CAP Petite Enfance)

Une mixité à impulser :

  • En sensibilisant les conseillers d’orientation sur les besoins en mixité
  • En réfléchissant à la place des hommes dans la Petite Enfance

Une base commune

Le socle commun est envisagé afin de mieux connaître et de décloisonner l’ensemble des professions, tout en conservant les spécificités de chacune des identités professionnelles.

Mieux se connaître pour mieux se comprendre entre collègues. Voilà l’un des intérêts fondamentaux de cette idée de base commune. Les spécificités, connues et donc comprises pourront alors être un véritable atout, en limitant les jugements, et les incompréhensions en équipe, liés à une méconnaissance des différents métiers présents auprès des enfants.

Cette base serait alimentée par :

  • des modules transversaux
  • des formations communes
  • des invitations à tout type d’événements dans les Eaje
  • des projets communs
  • une pédagogie adaptée au développement de la personne en tant que professionnel
  • l’ouverture aux cadres administratifs et aux élus (améliorant la compréhension du discours des professionnels)

“Pour que les professionnel(le)s de la petite enfance, soient des « éveilleurs au monde » de l’art et de la culture et des partenaires des parents dans l’éducation des très jeunes enfants, il est indispensable qu’ils soient sensibilisés à ces domaines dès leur formation initiale.”

Métier par métier, les préconisations de ce rapport

ASSISTANT(E)S MATERNEL(LE)S, pour l’accueil individuel

  • Le renforcement des équipes de PMI délivrant les agréments
  • L’allongement de la formation initiale (vers le CAP petite enfance, incluant des stages en EAJE ou auprès d’une assistante maternelle)
  • Le déploiement des missions des Relais Assistantes Maternelles (RAM), notamment sur la mise en place de la formation continue
  • L’organisation d’une solution de remplacement pendant le temps de formation

 

CAP PETITE ENFANCE, 1er diplôme réformé, pour la rentrée 2017

  • Renommé “Accompagnant éducatif petite enfance”
  • La base commune n’y a pas encore été intégré, ce qui ne pourra se faire que quand les autres diplômes Petite Enfance auront été réformés eux aussi
  • Pour tout savoir sur ce nouveau CAP : Lire mon article

 

ACCUEILLANT ÉDUCATIF, un nouveau métier en question, que la mission ne recommande pas.

AUXILIAIRE DE PUÉRICULTURE, pour qui il est souhaité la double compétence “sanitaire et accueil”

  • L’ajout de la compétence d’accueil, par des modules du DEEJE (psychologie, socio-éducation, communication)

 

ÉDUCATEUR DE JEUNES ENFANTS, reconnu comme l’une des formations les plus adaptées, par sa spécificité et son niveau. Le Conseil de l’Europe a pour projet d’en faire le métier de base pour l’accueil de la Petite Enfance. De son côté, le gouvernement français étudie sa revalorisation statutaire (niveau A de la fonction publique) entraînant son équivalence au niveau licence (niveau II) et un reclassement en réingénierie du DEEJE

  • La présence au quotidien des EJE auprès des enfants

 

INFIRMIERE – PUÉRICULTRICE, spécialiste “puériculture” des modes d’accueil dont la refonte du référentiel du diplôme est également envisagée pour 2018

  • Une réingiénierie du diplôme de puéricultrice entre les 2 ministères (Santé / Enseignement supérieur et  recherche)

 

RESPONSABLES D’EAJE

  • La formation à un management participatif, favorisant l’intelligence collective
  • Une parfaite connaissance du développement des jeunes enfants

 

INTERVENANTS EXTERNES, pédiatre, psychologues, sociologues, expert Petite Enfance, psychomotricien, haptonome, artistes…

  • La systématisation du recours à des spécialistes

 

FORMATEURS, qui se doivent d’inclure une dimension terrain aux connaissances qu’ils dispensent

MÉTIERS UNIVERSITAIRES ET RECHERCHES

  • Le développement de “Masters des métiers de la petite enfance”
  • La création de cursus ouvrant au Doctorat
  • Le lancement, avec un soutien financier, de recherches dans le domaine de la petite enfance

L’une des spécificités des métiers de la Petite Enfance est de dépendre de plusieurs Ministères, avec en plus, des conditions statutaires diverses.

La mission recommande de

  • Renforcer la coordination entre les différentes tutelles
  • Favoriser la création d’une plate-forme regroupant les différentes branches professionnelles
  • Créer des partenariats entre les centres de formation, pour des plate-formes de la petite enfance partout en France